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 Les animaux nous rendent-ils plus humains?

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rukita
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rukita


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MessageSujet: Les animaux nous rendent-ils plus humains?   Les animaux nous rendent-ils plus humains? EmptyJeu 25 Nov - 15:07

Les animaux nous rendent-ils plus humains?

Attention aux dangers de l'anthropomorphisme.


Lien vers l'article : http://www.slate.fr/story/les-animaux-nous-rendent-ils-plus-humains


De ma scolarité, il ne me reste que des bribes intellectuelles, des affirmations et observations ici et là, qu'un jour au moins, j'ai crues vraies. L'un de «faits» qu'on m'a enseigné est que les animaux n'ont pas d'émotions. Leur attribuer des émotions revenait à se fourvoyer dans l'anthropomorphisme, ce grave délire qui touche les sentimentaux dépourvus de tout esprit scientifique.

On m'a expliqué que, pour mieux comprendre les animaux, il fallait les envisager comme des machines recouvertes de poils, d'écailles ou de plumes, dont les actions sont dictées par l'instinct. Je me souviens m'être dit, alors que je m'appliquais à prendre des notes, que les experts qui étaient arrivés à de telles conclusions n'avaient jamais dû avoir un animal de compagnie. Chez moi, un chien et un chat cohabitaient, et la maison avait l'air d'un théâtre où se jouait un mélodrame multi-espèce. Car ces animaux manifestaient quotidiennement ce qui ressemblait clairement à de l'affection, de la colère, de la jalousie, de la joie.

Aujourd'hui, l'idée que les animaux sont des automates sans le moindre sentiment est tellement discréditée que Temple Grandin dans "Animals Make Us Human" [Les animaux nous rendent humains] et Meg Daley Olmert dans "Made for Each Other" [Fait l'un pour l'autre], deux livres qui explorent le lien entre l'homme et l'animal, se contentent de la rejeter en quelques démonstrations. Mais si mes professeurs avaient torts de dire que les animaux ne ressentent pas d'émotions, ces deux livres nous rappellent qu'ils avaient raison sur un point: l'anthropomorphisme peut conduire à toutes sortes de problèmes, aussi bien pour les hommes que pour les bêtes.

Temple Grandin, dont le nouveau livre est coécrit par Catherine Johnson, a dédié sa carrière à améliorer la vie des animaux. Elle a toujours martelé qu'ils ne se réduisent ni à de la viande comestible, ni à une autre forme d'humains. Dans son travail, elle bénéficie d'un avantage hors du commun: étant autiste, elle puise dans les impressions - durement acquises - de ses propres réactions émotionnelles atypiques pour tenter de comprendre comment les animaux appréhendent le monde.Cette auteure souligne l'importance de transcender ses idées préconçues en matière d'émotions afin de se donner la possibilité de percevoir les choses du point de vue d'un animal.

Quant à Meg Daley Olmert, productrice de documentaires, elle cherche en quelque sorte à retourner le concept d'anthropomorphisme: selon elle, les animaux ont contribué à l'amélioration de notre vie émotionnelle. Elle explique que l'évolution de l'homme moderne a été, dans une large mesure, propulsée par ses interactions historiques avec les animaux et les liens émotionnels qui se sont alors formés. Seulement voilà, son scénario au poil doux ouvre la porte à la sentimentalité contre laquelle on m'a mis en garde.

Grandin est une réaliste qui ne répugne pas à reconnaître à quel point les hommes dominent et exploitent les animaux. Carnivores et bouchers le savent bien. Temple Grandin s'attaque donc à la réalité la plus... bestiale qui caractérise notre rapport aux animaux: nous les mangeons. Elle fustige avec clairvoyance deux attitudes que l'homme peut avoir face à cette réalité: mauvaise et anthropocentrique.

D'abord, elle est dégoûtée par les sévices constants que l'on inflige aux animaux de ferme. Elle explique, documents à l'appui, comment la faim de l'homme l'a conduit à élever des créatures grotesques. Des mutants. Des bêtes dont a tellement déformé le corps qu'elles ne peuvent même plus supporter leur poids ou se reproduire. Elles finissent donc par avoir des comportements d'autodestruction, comme l'automutilation, tellement leur vie est misérable et brève.

Mais elle critique aussi les défenseurs des animaux qui ont tant donné pour lui permettre de réaliser sa mission. Temple Grandin déplore que les gens s'attachent de plus en plus à l'«abstrait» et explique que, sur ce point, les animaux ont des choses à nous apprendre. Alors qu'un cerveau humain est une machine conçue pour généraliser, les autistes et les animaux vivent dans un monde beaucoup plus concret. Les militants des droits des animaux, s'inquiète-t-elle, sont parfois tellement pris dans leurs grands principes et leurs dossiers juridiques, qu'ils passent à côté des conséquences de leur obstination dans le monde réel.

Elle évoque l'abolition des abattoirs de chevaux aux Etats-Unis. De cause admirable, on est passé à une étude de cas aux conséquences non désirées. Aujourd'hui, les chevaux croulants sont envoyés au Mexique, où on les tue au travail. Lorsque ce n'est pas le cas, on les abats brutalement d'un coup de couteau dans la nuque. Grandin estime qu'empêcher à tout prix la mort des animaux a tendance à entraîner des conditions de vies pires pour eux. Elle souhaite que les bêtes puissent mener une vie décente et connaître une mort rapide, sans souffrance.

Améliorer la vie des animaux, poursuit Grandin, passe d'abord par la compréhension des besoins et motivations émotionnelles de chaque espèce. Il faut donc que nous repensions notre relation avec nos animaux de compagnie et d'élevage. Pour Grandin, un chat ou un chien choyé peut être une victime. Par exemple, si vous le laissez seul toute la journée, il s'ennuie et ne peut pas assouvir son désir de découvrir le monde. Ce n'est que quand vous rentrez le soir qu'il peut commencer à remplir son rôle: vous rendre heureux.

Elle regrette l'époque de sa jeunesse où les animaux familiers erraient librement. Car passer plusieurs jours à gambader et à renifler vaut largement le risque d'une espérance de vie plus courte. L'auteure accepte l'idée que les animaux destinés à l'alimentation doivent être rapidement rentables, mais considère que les motifs économiques ne doivent pas primer sur la morale des hommes: l'espèce humaine doit respecter l'espèce animale qu'elle exploite. Par exemple, pour offrir une existence un minimum acceptable aux cochons, les producteurs de porcs doivent reconnaître que les cochons sont très curieux. Grandin et d'autres ont découvert que le simple fait de les nourrir à la paille fraîche, que les porcs trouvent absolument fascinante, peut satisfaire les besoins intellectuels de la communauté porcine.

Temple Grandin semble examiner chaque espèce dans un microscope, pour chercher à connaître leurs aspirations particulières. Meg Daley Olmert, elle, observe l'histoire des relations entre l'homme et l'animal à travers un télescope pour savoir ce qu'ils nous ont apportés. Elle donne une touche de romantisme au réalisme de Grandin et étudie les similitudes que nous avons avec les animaux en matière d'émotions, alors que Grandin fait au contraire ressortir les différences émotionnelles. Olmert explique que le passage de l'homme de l'état de proie apeurée à celui de chasseur, puis d'éleveur, est en grande partie dû aux sécrétions d'ocytocine, cette hormone présente chez les mammifères qui favorise les sentiments d'amour, d'attachement et de relation. S'appuyant sur des recherches intéressantes au sujet du rôle social de cette hormone, elle soutient que nos interactions avec les animaux ont renforcé à la fois nos émotions et celles des bêtes!

Son scenario repose très souvent sur des spéculations à propos de la lointaine époque où les hommes ont franchi la barrière qui les séparait des animaux en les domestiquant. Olmert évoque une nouvelle théorie controversée sur le lien entre l'homme et le loup que Grandin, cite, elle aussi, dans un autre de ses ouvrages: L'interprète des animaux.

Un grand nombre de biologistes, d'archéologues et d'anthropologues estiment que l'une des raisons pour lesquelles nous sommes si différents des primates, est que les loups nous ont beaucoup appris sur nos affinités avec eux et notre comportement de chasseur. Du reste, leur métamorphose en chien a commencé bien plus tôt que ce l'on suppose généralement (il y a quelque 135.000 ans et non pas 14.000). Olmert décrit une coévolution agréable, au cours de laquelle nous étions devenus si proches des loups de plus en plus apprivoisés que nous pouvions allaiter les louveteaux. Les sécrétions d'ocytocine des loups et des humains lors de nos rencontres intimes rendaient chaque espèce plus douce et bienveillante à l'égard de l'autre.

Meg Daley Olmert croit aussi que les loups-chiens, qui gardaient le territoire des hommes, nous ont rendus plus intelligents en tant qu'espèce. Enfin, elle formule l'hypothèse selon laquelle nous ne souffririons plus d'insomnies et d'agitations nocturnes; le fonctionnement de notre cerveau s'est amélioré grâce à un sommeil long et profond. L'ocytocine nous a permis de réaliser d'autres exploits. Nous avons noué des liens avec différentes espèces. Nous avons dressé les chevaux afin qu'ils nous servent de moyen de transport et qu'ils nous accompagnent dans les batailles. Enfin, nous avons domestiqué d'autres animaux pour l'élevage.

Olmert tombe amoureuse de ses propres théories. Grandin, elle, nous met en garde contre ce que les humains sont enclins à faire et, comme tous les romantiques, elle regrette un âge d'or révolu qui, selon elle, était caractérisé par un intime partenariat entre l'homme et l'animal. Dans son idylle, les chiens sont à nos côtés, nous aidant à chasser les mammouths qui fuyaient pour sauver leur vie (mais qui, malgré tout, fuyaient en liberté). Alors que Grandin a consacré sa carrière à se demander ce que les animaux ont perdu au cours de leur passage de l'état de bêtes sauvages à celui d'animaux domestiques.

Olmert conclue son analyse en déplorant les dégâts que cette évolution a provoqués chez les humains. Pour elle, si nous avalons des médicaments psychotropes (qui altèrent notre humeur), c'est parce que nous sommes en manque de la dose d'ocytocine que nous procuraient les animaux. Aujourd'hui, on tient les bêtes sauvages à distance, on cache le bétail. Et pour satisfaire notre manque, il ne nous reste que nos animaux de compagnie.

Meg Daley Olmert promet pourtant qu'ils peuvent nous apporter la saine thérapie dont nous avons besoin. Portant une grande estime aux animaux, elle les décrit comme des «donneurs d'affection» dont l'«amour» n'est pas assorti de toutes les complications inhérentes aux relations humaines. Sans le moindre scepticisme, Olmert fait référence à des études qui affirment que les animaux familiers nous aident à vivre mieux et plus longtemps. Qu'ils sont des compagnons plus apaisants que les humains. Et même que la plupart des propriétaires d'animaux de compagnie se soucient davantage de leur bête que de leurs proches. «Les animaux font de nous de meilleurs humains», écrit-elle.

Mais attention, remplacer l'erreur scientifique qui consiste à affirmer que les animaux n'éprouvent pas d'émotions par une véritable personnification (ou de l'anthropomorphisme) dessert les animaux. Et c'est précisément ce contre quoi Temple Grandin nous met en garde. Considérer que la fonction première des animaux et de satisfaire nos besoins ne fait ni de meilleurs humains, ni des animaux plus heureux.

Emily Yoffe
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